Le Virois Masqué
Puisqu’on parle des retraites

Je relisais un article du quotidiens Ouest France relatant la récente grève du 2 octobre:

Passé l’amusement que cinq lycéens seulement veuillent bloquer un grand établissement scolaire, plusieurs choses m’interrogent dans leur courte argumentation.

Déjà, parler des erreurs du passé, toutes les générations ont prétendu avoir à y faire face. Mais c’est tout de même oublier que le niveau de vie n’a cessé de s’améliorer. Les lycéens peuvent ainsi bénéficier d’infrastructures et de moyens qui n’existaient pas dans le passé.

Ensuite, être lycéen et vouloir une retraite digne pose une énorme question. Comment peut-on déjà penser à sa fin de vie quand on commence à peine la sienne ?

Et parler de droits… Des droits ne sont pas innés. Des droits se gagnent.

Par exemple, une partie de nos revenu va à la Sécurité Sociale donc nous avons des droits à être soignés.

Et parler des droits à la retraite…

Pour ceux qui l’ignorent, il existe deux formes de retraite: la retraite par répartition et la retraite par capitalisation.

La retraite par répartition se construit ainsi: ce sont les gens qui travaillent qui paient les pensions des retraités.

L’installation totale s’est faite en 1947 en France. A l’époque, on estime qu’il devait y avoir 10 actifs pour 1 retraité (avec à l’époque, une espérance de vie à 63 ans). Le ratio (on divise le nombre d’actifs par le nombre de retraités) a baissé d’environ 4,3 en 1965, puis 1,8 en 1997, et environ 1,4 aujourd’hui. L’espérance de vie est de 83,6 ans donc 20 ans de plus qu’en 1947. Le nombre de pensionnés a donc inévitablement augmenté. Il est de bonnes nouvelles qui apportent de nouveaux problèmes.

La retraite par capitalisation consiste à épargner, donc placer de l’argent, afin d’en bénéficier lors de l’arrêt de son activité. On peut là parler de droits.

Donc il ne faut pas mélanger retraite par répartition et droits.

Après, quel est le système le meilleur pour l’avenir ? Une bonne question qui attend votre réponse, merci.

Y a t’il un moyen de sauver la retraite par répartition ? Peut être en ponctionnant plus les actifs ?

Mon propos était là non de faire un choix mais de rétablir le sens du vocabulaire et d’exposer les faits.

https://evaluation.securite-sociale.fr/home/retraite/1-6-ratio-de-dependance-demograp.html

https://www.insee.fr/fr/statistiques/2415121

PS: J’ai beaucoup apprécié la bonhommie du gendarme, très compréhensif, qui s’est chargé de rétablir la circulation. Les temps changent…

Réflexions sur un futur cinéma

Comme vous en avez déjà peut être déjà (ou pas) entendu parler, il existe un projet de 4 millions d’€ pour créer deux nouvelles salles de cinéma.
Quand une municipalité s’engage sur un gros budget, il serait bon que, lorsqu’il n’était pas prévu dans le programme lors de l’élection, donc approuvé par les électeurs, il soit au moins discuté par eux pendant le mandat.
Ainsi devrait aller la démocratie.


A ce titre, j’ai décidé de laisser la parole à l’un d’entre eux qui m’a sollicité pour émettre un avis sur le sujet.
D’accord ou pas, vous pouvez réagir ensuite dans le calme et le respect. Merci.

Je me présente : Cédric Châtel, directeur du groupe virois du même nom. Je vous écris aujourd’hui pour partager ma colère et mon incompréhension.

Pour le contexte : je suis natif de Vire, comme plusieurs générations de ma famille. Comme beaucoup, j’ai quitté la ville à 18 ans pour mes études et ne suis revenu aux sources qu’il y a 7 ans (j’ai aujourd’hui 47 ans). Je suis trésorier de l’association CND – Collines de Normandie Développement, créée il y a un peu plus de deux ans et qui regroupe une trentaine de membres autour d’un objectif commun : dynamiser Vire et son territoire. Nous travaillons sur l’attractivité de la ville, sur des sujets majeurs tels que l’emploi, la formation, la santé, et bien d’autres encore.

Cette introduction est en lien avec mon coup de gueule d’aujourd’hui car mes doutes à me réinstaller à Vire pendant longtemps se sont justifiés dans l’offre et le service aux Virois que j’ai vu s’étioler années après années, au point de considérer cette ville, pourtant que j’affectionne, comme non attractive pour les non-natifs. J’en ai moi-même fait les frais dans ma vie personnelle. J’ai vu disparaître des établissements de loisirs, des bars, des restaurants. J’ai vu la maternité fermer, la clinique contrainte de réduire son activité le week-end sous peine de dépôt de bilan. J’ai vu des formations pour les jeunes disparaître – encore récemment une classe de BTS il y a deux ans. La liste est tristement longue…

Aujourd’hui, un sujet majeur est sur la table : la réhabilitation du cinéma Le Basselin et la création de nouvelles salles. Je suis totalement opposé à ce projet, que je considère comme une ineptie, tant dans son contenu que dans son coût, car on parle tout de même de 4 millions d’euros !!!!!! On me répondra sans doute qu’une partie vient de subventions ou que Le Basselin a un rôle majeur en tant que Centre National d’Art Dramatique… D’accord, mais cela n’empêchait pas de penser le projet correctement, en se mettant vraiment à la place des Virois.

Le constat est là, depuis des années, une grande partie des Virois tourne le dos au cinéma de Vire et préfère se rendre à Saint-Lô, Flers ou Caen. Pourquoi ? Pas seulement parce que nous n’avons que deux ou trois films à l’affiche, mais parce qu’aujourd’hui, le cinéma est pensé comme une sortie familiale complète. Les familles attendent des espaces de détente pour patienter, une offre de snacking digne de ce nom, la proximité de restaurants pour matcher avec une après-midi ou une soirée, et surtout, un parking proche car le cinéma, on y va aussi l’hiver, et l’hiver il fait froid et il pleut !

La solution est bien évidemment de s’appuyer sur des opérateurs privés (Pathé, UGC, etc.) dont c’est le métier et de déplacer le cinéma en zone commerciale ou industrielle, comme cela se fait désormais un peu partout. Le cinéma reste l’un des rares loisirs véritablement transverses à toutes les catégories socio-professionnelles : jeunes, moins jeunes, agriculteurs, enseignants… tout le monde y va. Pour une famille qui envisage de s’installer à Vire, l’existence d’un vrai cinéma moderne est un critère important.

Je suis convaincu par ailleurs que la mutualisation des moyens est une des clefs pour rentabiliser des structures dans un petit territoire comme le nôtre. L’exemple de la maison médicale du Colombier, un vrai succès, en est la preuve. Pourquoi ne pas imaginer un complexe mêlant cinéma et parc indoor pour enfants ? Ce n’est qu’une piste, mais ce type de synergies optimise les charges salariales et rend les projets viables. Des lieux existent : je pense par exemple au parc commercial de la Douitée, qui vivote, mais présente déjà tous les atouts pour accueillir un tel projet, entre le supermarché et le restaurant.

Le sujet du Centre National d’Art Dramatique est, selon moi, un faux problème. Bien sûr, il a sa place à Vire. Mais encore une fois, on prend le problème à l’envers, sans tenir compte du vrai besoin du public. L’offre actuelle est de qualité, mais reste élitiste. Elle devrait être la cerise sur le gâteau, et non l’unique plat proposé. Soyons lucides : quel pourcentage de la population locale est réellement touché par la programmation actuelle ?

Il existe une véritable défection de la tranche 18–25 ans à Vire mais sans parler uniquement d’eux,  un centre culturel devrait proposer aussi des contenus qui font rire, chanter, vibrer. Qui aujourd’hui, aurait le culot d’affirmer que la plus grande masse de la population viroise sera touchée par les pérégrinations d’une tribu amazonienne en transe sous ayahuasca, en questionnement sur son avenir dans un monde capitaliste ….…….non mais sérieusement…..et je vous parle là de programmes en tête d’affiche bien loin d’être les plus perchés. Quand j’étais gosse, ma mère et ma grand-mère m’emmenaient voir des comiques montants en one man show : ça m’a marqué, ça me parlait, ça me faisait rire. Pourquoi ne sait-on plus faire ça ?

Comment expliquer qu’une petite commune comme Tinchebray soit capable d’accueillir ZAZ, Élie Semoun, Benjamin Biolay, alors que Vire, étant quatre fois plus grande, nous n’en sommes pas capables……. ! Pourtant là aussi, la mutualisation des moyens serait possible ; je ne vois pas pourquoi un établissement comme le Basselin, Centre National d’Art Dramatique ne pourrait pas cohabiter dans ses locaux quelques dates dans l’année. Sous couvert d’une structure privée capable de gérer l’organisation et la programmation, et il y a multitude de gens pleins d’énergies capables de s’investir sur ces sujets,  la commune pourrait tout à fait sous louer les locaux du préau (puisque le bâtiment en tant que tel lui appartient) et offrir ainsi à la ville une programmation réellement transverse à toute les catégories de gens, y compris les 18/ 25 ans.

En conclusion, je crois qu’il est urgent que nos élus travaillent pour de bon sur cohabitation du privé et du public car c’est une des clefs de l’offre en général qui pourrait être proposée grâce à la mutualisation des ressources et surtout, qu’ils aillent vraiment à la rencontre de la population pour connaitre ses attentes avant de dépenser l’argent.

J’en ai fini pour mon coup de gueule, certains diront certainement que je l’ai trop grande…. et bien je m’en fiche parce que je suis toujours aussi attristé de voir le regard que portent les gens extérieurs sur ma commune de naissance, quand on a la chance qu’il la connaisse. Alors si mes quelques lignes peuvent au moins faire réfléchir un peu et nourrir une ou deux réflexions pour le prochain mandat, et bien c’est déjà ça de gagné.

Cédric Châtel